Poème

A qui la faute ?

Est-ce ma faute à moi, si depuis plus de mille ans
Des milliers de gens font de leur vie une poésie ?

Est-ce ma faute à moi, si depuis plus de mille ans
Les hommes cultivent le verbe, les mots en écrivant ?

Est-ce ma faute à moi, si depuis plus de mille ans
Culture, littérature, poésie, histoire de l’art
S’inscrivent à jamais dans nos mémoires ?

Quatre mille vers : La chanson de Rolland
un quinze août, Roncevaux rouge sang.

Renaissance, Monsieur Du Bellay
N’a guère qu’une trentaine d’années pour composer.

Sinope n’a que seize ans, Ronsard est amoureux
La belle s’éteint brusquement, le poète est malheureux.

Chenier et Fabre d’Eglantine riment les mois trois par trois
Concordance des sons… selon les saisons
Nous sommes en pleine Révolution.
Victor Hugo dans le clair-obscur d’un soir
Admire ses deux fillettes, lumières de tant d’espoirs
Au fil du temps, pas de répit
Léopoldine noyée
Adèle internée
L’homme brisé, gémit.

Les années se sont écoulées,
Mais sur les cahiers des écoliers
C’est un chassé-croisé :
Les six géants de Monsieur Jarry
Côtoient Cocteau et son chiffre sept béni
Les feuilles mortes sont ressuscitées
Et tout cela est ma foi, fort bien récité.
Dix fois, vingt fois, cent fois, mille fois, je m’y suis remis
Composer ne serait-ce qu’un vers
Et le partager avec autrui.
Si c’est cela ma faute à moi,
A l’Encre Bleue, dans le matin froid
Je me confesserai, tout bas.

Hélène GROSSO
Lauréate du concours international de poésie à Cavalaire

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